Qu’est-ce qui est à l’origine de Dalmard Marine ?
En 1922, c’est l’attachement à la mer, à la Bretagne et à ses valeurs qui a été à l’origine de Dalmard Marine.
Je ne peux évoquer l’histoire de l’entreprise sans parler de Paimpol, un des principaux ports de la « Grande Pêche » dès le début du 19ème siècle, immortalisé par Pierre Loti dans son roman « Pêcheur d’Islande ». Avant chaque campagne, le bassin était une forêt de mâts, les quais encombrés de familles venues accompagner les hommes et les enfants appelés à embarquer pendant plusieurs mois sur les goélettes, un dangereux et harassant voyage dont certains ne reviendraient pas. Aujourd’hui, c’est un port de plaisance et de pêche, destination de nombreux touristes français et étrangers.
Que vous ont transmis les générations précédentes ?
Ma famille m’a appris le goût de l’aventure et l’ouverture d’esprit.
Mon arrière-grand-père, un caractère bien trempé, mousse des Terre Neuvas, a créé l’entreprise textile en 1922. Il fabriquait des cirés et des vareuses adaptés aux rudes conditions de vie des pêcheurs d’Islande à partir de toiles de tentes recyclées dans son atelier de coupe à Paimpol. Battant, volontaire et débrouillard, s’il voyait une opportunité de développer son affaire, il y allait !
Mes grands-parents (lui, héros de guerre et elle, résistante) ont pérennisé la société en créant les premiers modèles de cabans et de kabigs en drap de laine français et en ouvrant une boutique à Paimpol et deux autres à Paris. Doté d’un sens inné du commerce, ma grand-mère avait le contact si facile qu’il lui fallait trois-quarts d’heure pour traverser sa ville natale.
Mes parents ont aussi faire preuve de combativité. Il ne suffit pas d’hériter d’un nom ; il faut faire ses preuves, être reconnu et accepté. Leur installation à Paimpol, la reprise de la boutique et de la confection étaient des défis qu’ils ont relevés avec l’équipe, à force de travail, d’énergie et d’inventivité. Leur réactivité et leur faculté d’adaptation leur ont permis de faire face à la transformation du monde du commerce. Avec audace, sans parler un mot d’anglais, ils ont constitué un réseau solide de points de vente en Europe et en Amérique du Nord ! Ils ont également tissé des liens solides avec des fournisseurs et des unités de production en France et en Europe.
Comment êtes-vous devenu dirigeant de la maison Dalmard ?
Directeur de projets dans un grand groupe pendant 10 ans, rien ne me destinait à prendre la barre de l’entreprise. Cette idée a pourtant fait son chemin dans mon esprit avant de devenir un projet de vie dûment analysé et réfléchi avec mon épouse.
Lorsqu’en 2016 mes parents m’ont annoncé avoir trouvé un acheteur sérieux, leur surprise a été totale d’apprendre mon souhait de prendre le relais. Ils oscillaient entre fierté, bonheur de garder la société dans le giron familial et appréhension, car il faut l’avouer, vendre à un tiers est plus facile au quotidien que de transmettre à son enfant.
C’est aujourd’hui pour moi un immense honneur et une grande responsabilité de représenter la quatrième génération de la maison familiale.
Depuis votre reprise en 2017, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Ma plus grande fierté, c’est mon équipage, qui chaque jour, dans chaque action, fait grandir la société. Je peux compter sur son engagement, son sens du service, sa créativité, ses compétences et son amour du travail bien fait.
Le métier du textile est un métier de passion, un secteur très concurrentiel, imposant de se renouveler sans cesse tout en gardant son ADN. Je suis fier de continuer à proposer des vêtements qui durent dans le temps, dans une ère où tout va toujours plus vite, et de développer de nouvelles offres, tout en améliorant les pratiques sociales, sociétales et environnementales de l’entreprise.
Comment imaginez-vous Dalmard Marine dans 100 ans ?
En 2122, Dalmard Marine fêtera ses 200 ans parce qu’elle aura réussi à s’adapter, à se réinventer et à innover. Elle sera toujours ancrée sur le territoire breton et je l’espère encore familiale, en tout cas indépendante, portant haut nos valeurs, notre identité bretonne : engagement, sens du collectif, réactivité, flexibilité et surtout une vision à long terme.
Je ne sais pas si le produit phare de la marque sera toujours l’iconique caban mais la volonté des futurs dirigeants sera de maintenir la même exigence de qualité avec un impact environnemental faible.